
Mélissa Laveaux
À ses débuts en 2008, Mélissa Laveaux se faisait déjà alchimiste de la chanson au fil de son premier album Camphor & Copper (No Format), dévoilant les contours de sa cosmogonie : une guitare offerte par son père à 13 ans, des textes poétiques en anglais et en créole, une voix féline, une folk-blues hantée où réside un mystère. Celle qui a fait ses armes de militante dans le milieu punk-fém d’Ottawa poursuivra son chemin de musique en traversant l’Atlantique pour s’installer à Paris où elle vit désormais et donner naissance à Dying Is A Wild Night (No Format, 2013), un deuxième opus largement inspiré par ce voyage initiatique. Le déracinement fait partie intégrante de l’ADN musical de Mélissa Laveaux : avant elle, ses parents ont fui Haïti pour Montréal au Canada quand sa grande idole, la résistante haïtienne Martha Jean-Claude, chantait son île chérie depuis Cuba, où elle s’est réfugiée dans les années 50 alors que sévissait la dynastie Duvalier. Et c’est en partie pour restaurer ce lien perdu avec Haïti, pour guérir l’exil, qu’avec Radyo Siwèl (No Format, 2018), Mélissa Laveaux puisait en ethnomusicologue dans ses traditions musicales pour en exhumer comptines et chants perdus, nous rappelant aussi combien la musique peut être un instrument de résistance politique.